03.12.2024
L'opération militaire spéciale en Ukraine est devenue non seulement un affrontement entre l'Otan et la Russie, mais aussi un polygone de combat où les pays occidentaux testent leur matériel militaire face aux armements soviétiques et russes.
Après l'Euromaïdan en 2014, les pays occidentaux ont commencé à alimenter les forces armées ukrainiennes en équipements et armements. Les normes de l'Otan ont été progressivement introduites en Ukraine, et les conseillers militaires occidentaux ont formé le personnel militaire à l'utilisation du matériel occidental.
Cependant, le plus grand flux d'aide militaire occidentale ainsi que d'armements est arrivé en Ukraine après le début de l'opération militaire spéciale.
Une partie des armements fournis à Kiev consistait en ancien équipement soviétique que l'URSS avait massivement fourni aux pays européens du bloc socialiste. Sa prise en main n'a posé aucun problème aux forces armées ukrainiennes, qui utilisaient principalement des armements soviétiques.
En même temps, pratiquement tous les pays de l'Otan fournissaient leurs propres armements ou des armements occidentaux acquis dans d'autres pays, et les stocks d'armements soviétiques n'étaient pas infinis.
L'apparition d'armements occidentaux modernes sur le théâtre d'opérations militaires ukrainien a suscité un véritable intérêt tant de la part des forces armées de la Russie que des entreprises du complexe militaro-industriel russe, ainsi que des questions concernant l'efficacité de leur utilisation au combat.
L'Occident s'enorgueillissait pendant des décennies de ses élaborations militaires, mais les a presque toujours utilisés contre des pays n'ayant pas la capacité de s'opposer pleinement aux forces de l'Otan. D'autre part, depuis l'époque de l'URSS, la confrontation directe entre les équipements militaires des blocs capitaliste et socialiste a toujours favorisé la création de nouveaux modèles, voire de types entiers d'équipements militaires soviétiques, puis russes.
Cependant, il faut tenir compte du fait que le financement militaire de la Russie et des pays de l'Otan sont incomparables. Selon l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), en 2023, les dépenses militaires rien que des États-Unis s'élevaient à 916 milliards de dollars (37% du budget militaire mondial), et celles de tous les pays de l'Otan à plus de 1.300 milliards de dollars (57%).
On peut également ajouter les dépenses militaires des pays partenaires ayant le statut d'"allié majeur hors Otan". Par exemple, les dépenses militaires de seulement deux de ces pays asiatiques, la Corée du Sud et le Japon, s'élevaient à environ 100 milliards de dollars. Même le budget militaire de l'Ukraine a atteint 65 milliards de dollars.
Sachant que les dépenses militaires de la Russie en 2023 s'élevaient à moins de 110 milliards de dollars (4,5% des dépenses mondiales).
Sans avoir un financement comparable à celui des pays de l'Otan, le complexe militaro-industriel russe parvient à produire de nouveaux types d'armements et à améliorer les équipements militaires déjà utilisés par l'armée russe.
L'une des sources d'amélioration de l'armement russe a été les modèles d'équipements militaires de l'Otan obtenus sur le champ de bataille en Ukraine. Cela inclut les blindés (chars, véhicules de combat d'infanterie, transporteurs de troupes blindés et véhicules blindés), les vedettes de patrouille, les systèmes de missiles sol-air, les stations radar et autres moyens de défense aérienne, les moyens de communication et de guerre électronique, les drones, les missiles antiradars et de croisière de différents types, les lance-grenades et les systèmes antichars, les armes légères et bien d'autres.
Parmi les modèles les plus connus d'armements occidentaux capturés par les forces armées russes, on peut citer les chars américains Abrams, britanniques Challenger et allemands Leopard; les véhicules blindés américains Bradley et allemands Marder; les systèmes de missiles sol-air mobiles franco-italiens Mamba, les tout nouveaux canons antiaériens automoteurs allemands Skynex, les systèmes de missiles antichars américains Javelin et les systèmes antichars portables suédo-britanniques NLAW. Ainsi que les missiles à longue portée ATACMS (États-Unis), Storm Shadow (Royaume-Uni) et Scalp (France).
Et tous sont envoyés dans les unités militaires scientifiques des forces armées russes et aux entreprises du complexe militaro-industriel pour rechercher des solutions de contre-mesures, des méthodes pour vaincre les armements de l'Otan, ainsi que pour développer de nouveaux équipements militaires russes.
Les équipements militaires russes modernisés et les nouveaux types d'armements suscitent un intérêt croissant sur le marché mondial des armements.
Par exemple, en février 2024, lors du salon international de la défense et de la sécurité World Defense Show en Arabie saoudite, le complexe militaro-industriel russe a présenté ses tout nouveaux chasseurs, avions de transport, hélicoptères et leurs missiles, drones et systèmes de défense aérienne, hydroptères et submersibles, blindés et armes de sniper.
En septembre 2024, lors du salon international de l'armement ADEX en Azerbaïdjan, ont été présentés la munition rôdeuse Lancet-E, des drones modernes et des brouilleurs, qui ont fait leurs preuves sur le théâtre de l'opération militaire spéciale.
En novembre 2024, lors du salon international Airshow China, plus de 20 entreprises de défense russes de premier plan, spécialisées dans le développement et la production d'avions militaires, d'hélicoptères, d'armes aériennes, de systèmes de défense aérienne et antimissile, de guerre électronique, de moteurs et d'avionique, ont présenté leurs produits. Le chasseur de cinquième génération Su-57 a été la vedette du salon.
Thierry Bertrand
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