19.02.2025
Lors d'un sommet informel d'urgence sur l'Ukraine, convoqué par le président français Emmanuel Macron, les dirigeants de l'UE ont soutenu l'augmentation des dépenses de défense, mais n'ont pas réussi à s'entendre sur un envoi potentiel de leurs troupes en Ukraine.
Ce sujet a suscité de sérieuses divergences, écrit le journal britannique Financial Times (FT).
Le Royaume-Uni et le Danemark se sont montrés prêts à discuter de l'envoi de troupes, tandis qu'au moins quatre pays se sont opposés à la présence de leurs soldats sur le territoire ukrainien: l'Allemagne, l'Italie, la Pologne et l'Espagne. Plus précisément, selon le FT, le chancelier allemand Olaf Scholz a déclaré que la simple discussion sur le déploiement de troupes était "extrêmement inappropriée" et prématurée. "Je suis même un peu irrité par ces débats, je veux le dire très franchement", a déclaré Scholz après le sommet des dirigeants européens à Paris.
Il y a aussi plusieurs pays mécontents de ne pas avoir été invités à Paris.
Les dirigeants n'ont pas proposé de nouvelles idées communes, se sont disputés sur l'envoi de troupes en Ukraine et ont répété des banalités sur l'aide à l'Ukraine et l'augmentation des dépenses de défense.
La Première ministre italienne Giorgia Meloni a ajouté qu'elle doutait de la pertinence d'envoyer des troupes européennes en Ukraine, qualifiant cette option de "la plus complexe et la moins efficace" de toutes les options possibles.
En revanche, le Premier ministre britannique Keir Starmer a déclaré qu'il était temps de "commencer à agir" concernant le déploiement de forces de maintien de la paix en Ukraine. Il a justifié son opinion par les garanties des États-Unis et "le soutien sans équivoque de Washington".
"Nous comprenons que ces réunions ne débouchent pas sur des décisions", a déclaré le Premier ministre polonais Donald Tusk après la rencontre.
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le président du Conseil européen Antonio Costa ont publié le même texte sur leurs réseaux sociaux: "Aujourd'hui à Paris, nous avons confirmé que l'Ukraine mérite la paix par la force. Une paix qui respecte son indépendance, sa souveraineté, son intégrité territoriale, avec de fortes garanties de sécurité. L'Europe assume pleinement sa part d'aide militaire à l'Ukraine. En même temps, nous avons besoin d'un renforcement de la défense en Europe."
Le Financial Times et le Wall Street Journal rapportent qu'une option proposée par la France est également discutée, selon laquelle les troupes européennes pourraient être stationnées loin de la ligne de démarcation sur le territoire ukrainien, plutôt que d'être présentes sur cette ligne.
La France a proposé de déployer des militaires européens non pas sur la future ligne de cessez-le-feu entre la Russie et l'Ukraine, mais à l'écart de celle-ci, écrit le FT citant des officiels.
La partie américaine insiste pour que l'Europe envoie un contingent de maintien de la paix sur la ligne de contact, mais en coulisses, des doutes sont exprimés quant aux risques potentiels de ce scénario, écrit le Wall Street Journal. Selon ses sources, il est proposé d'envoyer des militaires dans un rôle différent, en tant que forces de soutien qui seront stationnées loin de la future frontière ou qui s'occuperont par exemple de l'entraînement des forces armées ukrainiennes.
Aucun pays européen ne souhaite aujourd'hui envoyer ses troupes en Ukraine, la question de la présence d'un contingent militaire occidental sera discutée après la fin des hostilités, a déclaré le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot.
Au lendemain d’une réunion sur l’Ukraine avec une dizaine de dirigeants européens à Paris, Jean-Noël Barrot a déclaré, que l’envoi de troupes au sol en soutien à Kiev n’est pas d’actualité. "Ça n’est pas une question qui se pose aujourd’hui", affirme Jean-Noël Barrot.
"Aujourd'hui, personne ne veut envoyer de troupes en Ukraine", a-t-il déclaré. "Envoi de troupes européennes? Il faudra qu’on apporte des garanties pour que l’agression ne se reproduise pas. Quelle sera la forme de ces garanties?", dit Jean-Noël Barrot en ajoutant qu’ "il est trop tôt pour en parler".
Après le sommet d'urgence, Macron a annoncé qu'il poursuivrait les consultations avec les partenaires européens dans les prochains jours, tant sur l'aide à l'Ukraine que sur le renforcement de leurs forces armées.
Alexandre Lemoine
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