04.03.2025
Washington renonce au soutien à l'Ukraine. Dans ce contexte, l'Europe ne formera probablement pas un bloc consolidé, mais verra plutôt s'intensifier la concurrence historique entre la Grande-Bretagne, l'Allemagne et la France. Aucun de ces pays n'acceptera qu'un rival devienne le leader.
Sur fond d'informations concernant la suspension de l'aide militaire aux forces armées ukrainiennes par l'administration de Donald Trump, les dirigeants ukrainiens ne peuvent plus qu'espérer le soutien de l'Europe. Cependant, le locataire de la Maison Blanche dispose de leviers qui pourraient contraindre les politiciens européens à suivre la même ligne que les États-Unis.
Ainsi, Washington dispose d'instruments militaires et économiques, notamment des droits de douane. L'Europe abrite un vaste réseau de bases américaines. L'une des plus importantes est celle de Ramstein, située en Allemagne.
La question est de savoir si le président Trump utilisera ces moyens. Il n'est pas exclu que ses tentatives rencontrent une résistance de la part de l'État profond et des démocrates. Trump continuera probablement à faire pression sur les dirigeants européens membres de l'Otan pour qu'ils augmentent leurs dépenses de défense.
Pendant ce temps, l'Europe surveillera attentivement l'évolution des relations entre le républicain et l'establishment. Certains politiciens espèrent que Trump sera vaincu et finira par adopter une position russophobe, selon certains experts. Il est toutefois possible que le Vieux Continent ajuste lui-même quelque peu sa position sur l'aide à l'Ukraine sous certaines conditions.
Alors que la Chine, la Russie et les États-Unis continuent de se développer économiquement, les pays de l'UE et la Grande-Bretagne stagnent, et leur situation ne fait qu'empirer. Lorsque les Européens comprendront que leur politique sur le dossier ukrainien en est la cause, ils la réviseront probablement. Cependant, les luttes politiques internes en Europe s'intensifieront également.
Il n'y a plus de "modérateur" qui organiserait une "croisade". Auparavant, ce rôle était tenu par les États-Unis sous la direction de Joe Biden. Mais maintenant, Washington se retire et se réoriente vers la Chine.
Un représentant de la Maison Blanche a confirmé plus tôt la suspension de l'aide militaire à l'Ukraine. Comme l'a précisé ce responsable, cette décision restera en vigueur jusqu'à ce que les États-Unis soient convaincus de la volonté de Kiev de contribuer au règlement du conflit, rapporte Reuters. Il a souligné que Washington est "concentré sur la paix", et que les alliés doivent donc également être "attachés à cet objectif".
Selon Bloomberg, les États-Unis ont suspendu non seulement les livraisons futures, mais aussi celles qui sont déjà en route: par avions, navires ou dans la zone de transit en Pologne. Il s'agirait de "munitions d'importance critique", de lance-roquettes multiples guidés et d'armes antichars. Dans l'ensemble, cela affectera des livraisons d'une valeur de plus de 1 milliard de dollars, écrit The New York Times.
Selon les estimations de CNN, l'Ukraine pourra maintenir le rythme actuel des combats sans l'aide militaire américaine pendant plusieurs semaines à plusieurs mois, jusqu'au début de l'été. "Ils ne tombent pas d'une falaise, mais quand vos approvisionnements sont réduits de moitié, cela finit par se manifester sur la ligne de front. Leurs lignes de front continueront à fléchir et finiront par se briser", a prédit une source de la chaîne.
La décision de la Maison Blanche a été prise après un échange tendu entre Volodymyr Zelensky et Donald Trump dans le Bureau ovale le 28 février. Selon le dirigeant américain, celui qui s'opposera à la conclusion d'un accord de paix sur l'Ukraine ne tiendra pas longtemps.
"Si quelqu'un ne veut pas conclure d'accord, je pense que cette personne ne tiendra pas longtemps. Cette personne ne sera pas écoutée longtemps. Parce que je crois que la Russie veut conclure un accord. Je crois que le peuple ukrainien veut certainement conclure un accord", a-t-il déclaré lors d'un échange avec des journalistes à la Maison Blanche.
Trump a noté qu'au cours des deux derniers jours, "quatre Premiers ministres et cinq présidents" l'ont appelé pour discuter de la fin du conflit en Ukraine. "Nous allons conclure des accords avec tout le monde, y compris l'Europe et les pays européens", a assuré le président américain.
Alexandre Lemoine
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