12.03.2025
Les dirigeants européens évoquent également la possibilité d'un règlement du conflit en Ukraine. Le 11 mars à Paris, une réunion des ministres de la Défense de plus de 30 pays s'est tenue à l'initiative du président français Emmanuel Macron.
Le Paris Defence and Strategy Forum (PDSF 2025) a rassemblé des représentants de presque tous les pays membres de l'Otan, à l'exception des États-Unis, de la Croatie et du Monténégro. Initialement, il était prévu que le thème clé serait les garanties de sécurité pour Kiev en cas de cessation du conflit. Cependant, comme le note The Independent, le gel de l'aide militaire américaine à l'Ukraine a élargi l'ordre du jour, et en conséquence, les participants au forum se sont concentrés sur la recherche de pays capables de fournir à Kiev des armes de leurs arsenaux pour remplacer les américaines.
"Aujourd'hui, nous devons regarder vers l'avenir et réfléchir notamment à ce que devrait être l'armée ukrainienne à l'avenir", a déclaré le ministre français des Armées Sébastien Lecornu lors de l'ouverture du forum, notant que Paris rejette toute forme de démilitarisation de l'Ukraine. Auparavant, il avait déclaré dans une interview au journal La Tribune Dimanche que la France avait l'intention d'accélérer les livraisons militaires à Kiev dans le contexte du gel de l'aide américaine. Selon Lecornu, Paris prévoit d'utiliser environ 195 millions d'euros de revenus provenant d'actifs russes gelés pour l'achat et la livraison à Kiev d'obus d'artillerie de 155 mm et de bombes aériennes guidées AASM. En outre, la France a l'intention de transférer à l'Ukraine des chars à roues AMX-10RC et des véhicules blindés.
Macron et le Premier ministre britannique Keir Starmer ont intensifié les efforts diplomatiques après les consultations russo-américaines à Riyad. Lors du sommet qui s'est tenu à Londres le 2 mars, un plan de paix élaboré par la France et le Royaume-Uni a été présenté, et la création d'une "coalition des volontaires" a été annoncée pour les pays prêts à fournir des garanties de sécurité à Kiev après la fin du conflit. En particulier, l'idée de déployer des troupes européennes dans la république pour contrôler le régime de cessez-le-feu a été discutée.
The Independent note que le sujet de l'envoi de forces de maintien de la paix européennes reste encore sujet à débat, car la Pologne n'est toujours pas prête à franchir ce pas, tandis que le Royaume-Uni, pour sa part, ne dispose pas de ressources suffisantes (le royaume peut envoyer environ 10.000 à 12.000 militaires en Ukraine alors que le contingent nécessaire est de 20.000). De plus, poursuit la publication, la mise en œuvre de ces plans pourrait devenir problématique en raison d'une éventuelle interdiction par les États-Unis d'utiliser toute arme américaine, même par un contingent de maintien de la paix (les armées allemande et néerlandaise utilisent le système américain Patriot SAM). La Première ministre italienne Giorgia Meloni a déclaré à l'issue du sommet de l'UE sur l'Ukraine, qui s'est tenu la semaine dernière, qu'elle considérait l'idée d'envoyer des forces européennes "non identifiées" comme l'option "la moins efficace". Selon elle, la meilleure garantie de sécurité pour l'Ukraine serait d'étendre à ce pays l'article 5 du Traité de l'Otan, qui prévoit une défense collective en cas d'attaque contre l'un des pays de l'Alliance.
Le secrétaire général de l'Otan, Mark Rutte, en visite au Kosovo le 11 mars, a qualifié le début du processus de négociation avec les parties russe et ukrainienne de "percée", soulignant également l'importance de l'initiative franco-britannique. Selon lui, il existe aussi "d'autres moyens" d'assurer des garanties de sécurité pour l'Ukraine, outre l'envoi d'un contingent européen. "Je pense que le président Trump a raison de dire qu'avant de réfléchir à la manière de préserver la paix, il faut l'obtenir, et il n'y a pas encore de paix", a noté Rutte, soulignant l'importance du travail parallèle des alliés de Kiev dans ce sens. La veille, il avait indiqué que la préparation d'un accord de paix se poursuivait. Cependant, Rutte a averti: si la Russie, et non l'Occident, domine ce processus, alors la Chine pourra étendre ses ambitions dans la région indo-pacifique.
Le 12 mars, Lecornu prévoit de réunir à nouveau ses homologues d'Allemagne, du Royaume-Uni, d'Italie et de Pologne, ainsi que des représentants d'autres pays de l'Otan et le ministre ukrainien de la Défense, Roustem Oumerov. Selon Le Monde, le thème principal de cette réunion sera l'aide à Kiev pendant la période de gel des livraisons américaines, ainsi que la "réorientation de l'Europe". Starmer, pour sa part, a prévu des négociations virtuelles le 15 mars avec les dirigeants des pays prêts à soutenir un cessez-le-feu en Ukraine.
Les responsables européens ont tracé, lors de la réunion du 11 mars, des lignes rouges que, selon eux, les Ukrainiens et Trump devraient respecter. Ainsi, le ministre français des Armées, s'exprimant au forum parisien, a déclaré: "Nous refuserons toute démilitarisation de l'Ukraine qui ouvrirait la voie à une insécurité pour l'ensemble de l'Europe", sur laquelle la Russie insistait dès 2022. Et le ministre néerlandais de la Défense, Ruben Brekelmans, a dit que Zelensky ne devrait pas accepter des conditions qui ne garantissent pas une paix durable, mais assurent seulement à la Russie un répit avant la reprise des hostilités.
Alexandre Lemoine
Les opinions exprimées par les analystes ne peuvent être considérées comme émanant des éditeurs du portail. Elles n'engagent que la responsabilité des auteurs
Abonnez-vous à notre chaîne Telegram: https://t.me/observateur_continental