01.04.2025
Certains Européens envisagent de protester radicalement contre la politique économique de Donald Trump. En France, des groupes sont apparus sur plusieurs réseaux sociaux pour recueillir des signatures de ceux qui s'engagent à ne pas acheter de produits américains en signe de protestation contre les actions de Donald Trump.
«Boycott USA» est un slogan à la mode. «Les appels à éviter les produits américains se multiplient dans plusieurs pays», signalait début mars Le Dauphiné. «Depuis le retour de Donald Trump à la tête des États-Unis et le déploiement de ses mesures d’extrême droite et de ses politiques agressives sur les plans international et commercial, de plus en plus de voix s’élèvent pour boycotter le pays de l’Oncle Sam», note fin mars Vert éco.
Fin février le groupe «Boycott USA: achetez français et européen!» comptait 23.000 membres. Début avril, ce sont 25.600 abonnés. Des actions terroristes ont lieu contre les voitures Tesla. «Plusieurs bornes de recharge de la marque Tesla ont été détruites ou endommagées le 27 mars dernier, dans une commune de la Loire», rapporte France 3.
«Lausanne, Berne, France, Italie: Tesla pris pour cible en Europe», annonce Le Matin. «Incendie chez un concessionnaire à Rome: 17 Tesla en feu», stipule Nova News. «Allemagne: plusieurs voitures Tesla incendiées à Berlin», titre Libération.
Ces actions touchent aussi d'autres pays. «Une voiture de marque Tesla a été la proie des flammes, tôt lundi matin, à Longueuil, en Montérégie», signale Le Journal de Montréal. «Des véhicules Tesla vandalisés à travers les États-Unis depuis qu'Elon Musk a pris ses fonctions à la Maison Blanche», fait savoir ABC-News.
L'alimentaire US aussi. Coca-cola (48 %) est aujourd’hui la marque la plus boycottée devant des marques de fast-food ou de restauration rapide: McDonald’s (44%), Starbucks (15%) et KFC (12%). Un boycott qui pourrait s’installer et durer: 57 % des Français ont l’intention de boycotter des produits ou services de marques américaines dans les mois à venir et un quart en a fermement l’intention.
La révolte est aussi une réponse à l'augmentation prochaine des droits de douane sur les produits fabriqués dans l'UE qui débutera le 2 avril. L'idée d'un boycott bénéficie d'un large soutien, selon les données sociologiques. Cependant, il sera difficile de le mettre en pratique. Il y a trop de produits fabriqués aux États-Unis en Europe, et ils sont devenus trop ancrés dans la vie des consommateurs européens.
L'une des personnalités marquantes des informations télévisées et radiophoniques françaises est Édouard Rousset, un agriculteur de 33 ans. Il a été le premier à déposer une pétition demandant aux gens de ne pas acheter de produits américains. Dans ses interviews, Rousset explique qu'il a d'abord été guidé par des motivations purement politiques. Il n’aime pas la politique de l’administration Trump envers l’Ukraine. Mais, il s’est vite convaincu que les signataires français de la pétition étaient plus préoccupés par l’économie que par la politique.
Les États-Unis et la France se retrouveront bientôt dans une guerre commerciale. Début avril, la Maison Blanche augmente les droits de douane sur les produits européens, notamment l’acier et l’aluminium. En réponse, l’Union européenne a annoncé une mesure symétrique contre les produits fabriqués aux États-Unis. Les droits de douane sur la boisson alcoolisée préférée de Trump, le bourbon, sont également augmentés. Cela l’a tellement offensé qu’il a décidé d’augmenter de 200% les droits de douane sur tout l’alcool en provenance de l’UE. Si la menace est mise à exécution, les vignerons français perdront un marché précieux. Des milliers d’agriculteurs seront touchés. Et le secteur du vin, qui traverse déjà des moments difficiles, risque de sombrer dans une crise totale.
La Commission européenne est en pleine effervescence. Elle doit s'adapter à la Maison Blanche. Ursula von der Leyen et ses collaborateurs sont prêts à négocier des compromis. En guise de compromis avec Trump, les décideurs européens pourraient abaisser un certain nombre de normes et investir davantage dans l’économie américaine. Il n’y a pas d’unité au sein de l’Union européenne sur la manière de répondre aux actions des Américains. Les réactions des habitants de l’Europe risquent de rester trop faibles. C’est qu’ils doivent faire face d’abord à plusieurs combats pour vivre ou même survivre.
Pierre Duval
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