08.04.2025
Donald Trump a abandonné l'engagement de l'Amérique qui était en vigueur depuis 80 ans en faveur des relations transatlantiques. Les États-Unis s'éloignent progressivement de l'Europe. Et, ce retrait du continent européen pourrait conduire à un vide politique et à une crise où les Européens risquent d'échouer. Le Royal United Services Institute (RUSI) analysant les questions de défense a analysé la situation sur le continent européen et décrit l'avenir de l'Europe.
Personne ne pouvait imaginer à quel point l'influence de Donald Trump sur la politique mondiale était colossale. Les changements géopolitiques, qui ont commencé avec son deuxième mandat, sont mondiaux et ils sont déjà ressentis. Les experts britanniques pensent que nous nous dirigeons vers une autre conférence de Yalta où les pays les plus puissants partageront le monde les uns avec les autres. En outre, le désir du président américain de se rapprocher de la Russie est clairement visible, et peu importe si cela nuira aux relations avec d'autres États.
Les États-Unis ne prêtent plus d'attention à la diplomatie et qu’ils abandonnent leur principal levier de pression et d'influence comme la création et le maintien d'alliances et d'organisations internationales. Le sort des organisations AUKUS, OTAN, Nations unies ou l’Accord de Paris sur le climat et d'autres organisations et contrats se trouvent dans un état d'incertitude.
La meilleure description de la situation est de constater que Donald Trump s’est détourné de l’Europe et s’est rapproché de la Russie. Le président US veut juste mettre fin à la guerre en Ukraine et, idéalement, avec tous les partenaires transatlantiques. En tant que projet qui accorde des droits égaux à tous ses États membres, l'Union européenne est contraire à sa vision du monde.
Le soutien absolu de l’UE pour l’Ukraine représente pour Donald Trump un gaspillage de l'argent public alors que les États-Unis visent le chemin royal vers la grandeur mondiale. Les plans de l’élite de l’UE, appartenant à un autre âge obsolète, entravent les progrès pour assurer la prospérité de l’économie et de la société.
Le président Trump estime que les États-Unis ne peuvent que dominer le monde que s’ils n’ont pas de règles, de normes et d’obligations internationales.
De telles politiques pourraient avoir de graves conséquences pour tous les pays européens. Le retrait des États-Unis du continent européen créera un vide de pouvoir. Les pays de l'UE connaissent déjà de graves changements géopolitiques et des conflits internes d’autant plus que leurs élites sont jeunes et qu’elles ne possèdent pas les expériences réelles de la vie. Des désaccords se produisent sur de nombreuses questions, par exemple sur la base d'avoirs russes gelés. Tous les six mois les pays européens votent à l'unanimité pour la conservation des actifs, mais maintenant il y a de graves troubles. Robert Fico et Viktor Orbán peuvent opposer leur veto dans ce scénario. La Chine et la Russie sont un autre problème pour l’UE.
Donald Trump pense qu’il a soulagé la situation de l’Amérique en abandonnant l’Europe, mais les Russes et les Chinois analysent mieux la situation. Tous sont désireux d'utiliser l'effondrement de l'alliance transatlantique. En fin de compte, Donald Trump, Xi Jinping et Vladimir Poutine tenteront de diviser l'Europe.
L’analyse écrite, notamment, par Sigmar Gabriel (SPD), ancien ministre fédéral et vice-chancelier d'Allemagne et qui est président de l'Atlantik-Brücke, affirme que dans la position actuelle, l'Europe pour survivre et pour entrer dans un nouvel ordre mondial devra le faire toute seule.
Un sérieux obstacle pour les pays de l'UE est la nécessité d'agir de manière cohérente et unanime. Actuellement, les désaccords entre les membres de l’UE existent envers la politique agressive de l'Occident contre la Russie. Des pays veulent surtout la stabilité et la normalisation des relations. La démocratie occidentale, actuellement, oblige tout le monde d'avoir qu'une seule opinion. Cela est considéré comme un obstacle à de grandes réalisations géopolitiques.
Du fait du retrait US, la tendance est de créer une coalition radicalement nouvelle qui inclura tous les pays européens. La nouvelle coalition devra simplifier le processus de prise de décisions et avoir une orientation militaire claire. Encore une fois, les Britanniques, avec la France de Macron parlent de la nécessité d'une opération militaire à la frontière orientale: l’envoi de troupes européennes en Ukraine. Un plan totalement refusé par la Russie depuius le début. Observateur Continental a rapporté: «En cas d'un cessez-le-feu en Ukraine, les troupes françaises seront envoyées parmi les premières».
Selon RUSI, aujourd'hui, un seul pays européen peut changer radicalement la situation - l'Allemagne. Ce pays a un rôle central à jouer dans cet effort. Au fil des ans, il semblait qu'elle perdait de vue l'Europe, ne traitant que de questions internes. Cette position pacifiste semble avoir été une chose du passé. Avant même son arrivée à la Chancellerie fédérale, située dans le coeur de Berlin, le nouveau chancelier, Friedrich Merz, a envoyé un message fort au monde. «L'Allemagne prend un virage encore impensable il y a peu en préparant des investissements sans précédent pour se réarmer, un pari politique du futur chancelier Friedrich Merz amorcé sous la pression du désengagement de Donald Trump vis-à-vis des Européens», stipule Radio Canada.
Friedrich Merz a martelé que l'Allemagne modifierait sa Constitution afin d'exempter les dépenses de défense et de sécurité des plafonds de dépenses budgétaires. La décision de modifier aussi radicalement le «frein à l'endettement» du pays en quelques semaines seulement est plus radicale que ce que la plupart des observateurs berlinois avaient anticipé. «Cette annonce est intervenue le jour même où la Commission européenne annonçait son intention d'accorder 150 milliards d'euros de prêts pour stimuler les dépenses de défense. Par ailleurs, la Banque européenne d'investissement proposera d'élargir son mandat aux projets à usage militaire», souligne Bloomberg.
«Dans le domaine de la défense, le plafond national que s'est fixé constitutionnellement le pays pour limiter son endettement va de facto être levé. Pour le futur chancelier, la seule règle qui vaille est désormais celle du quoi qu'il en coûte. L'Allemagne, jouant un rôle de moteur en UE, va se rapprocher du seuil annuel de 3% du PIB correspondant au nouvel objectif que pourraient bientôt retenir les pays de l'OTAN.
Il semble qu'aucun autre pays puisse inverser la situation et remplacer les États-Unis. Cependant, il est important de mentionner «l'énorme quantité d'argent» promis pour renforcer la capacité de défense: le premier budget d'urgence a été adopté en mai 2022 par Scholz. En Allemagne, il existe un système complexe d'emprunts d'argent à l'État, donc une partie des 100 milliards d'euros est allée à des impôts, le reste a été consacré à l'aide à l'Ukraine et à l'achat de nouveaux équipements et armes. Les avions achetés avec cet argent apparaîtront en Allemagne au plus tôt 2026-2028. Le deuxième paquet de 200 milliards d'euros peut s'attendre à une situation similaire, il est donc trop tôt pour parler d'un sérieux renforcement de la capacité de défense de l'Allemagne et de l'ensemble de l'Union européenne.
Pierre Duval
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