11.04.2025
La réunion au format Ramstein se tiendra pour la première fois sans la présence physique du chef du Pentagone. Les États-Unis ont également annoncé le retrait de leurs militaires de la base en Pologne par laquelle transitent les livraisons militaires vers l'Ukraine.
Le 11 avril, la 27e rencontre au format Ramstein, créé par les pays occidentaux pour aider l'Ukraine, se tiendra au siège de l'Otan à Bruxelles. Le Royaume-Uni et l'Allemagne en seront les coprésidents. Auparavant, les États-Unis y jouaient un rôle prépondérant, mais avec le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, Washington prend progressivement ses distances avec ce format.
Déjà lors de la première réunion au format de Ramstein sous la nouvelle administration américaine le 12 février, la présidence avait été déléguée au Royaume-Uni. Le chef du Pentagone, Pete Hegseth, avait alors surpris les alliés par la nouvelle approche de Washington concernant la défense européenne et le règlement en Ukraine. Il avait déclaré directement et clairement que désormais, la priorité des États-Unis était de "contenir une guerre avec la Chine dans le Pacifique", et que par conséquent, les pays européens devaient assurer leur sécurité de manière autonome. Hegseth a également qualifié d'irréaliste le retour de l'Ukraine aux frontières de 2014 et son adhésion à l'Otan.
La veille, le bureau du président ukrainien a désigné deux thèmes prioritaires de son point de vue. Premièrement, le renforcement de la défense antiaérienne pour lutter contre les systèmes balistiques russes. Pour cela, Kiev a besoin d'au moins dix systèmes de missiles antiaériens Patriot. "Nous avons parlé à plusieurs reprises avec les autorités américaines, avec tous ceux en Europe qui sont en mesure d'aider. Nous comptons sur une décision", indique le communiqué du bureau du président ukrainien. Deuxièmement, Kiev souhaite obtenir des garanties des alliés qu'ils continueront à soutenir l'Ukraine. "Nous avons besoin de ce signal et de la fourniture continue d'aide militaire", ont souligné les autorités ukrainiennes.
Les États-Unis réduisent progressivement leur présence en Europe et leur soutien à l'Ukraine. Le 7 avril, le commandement de l'armée américaine en Europe et en Afrique a annoncé qu'il retirait son personnel et son équipement militaire de la base temporaire de Jasionka (Pologne), un hub situé à 50 km de la frontière avec l'Ukraine, par lequel transitent les livraisons d'armes occidentales à Kiev. Le contrôle de la base ainsi que le "travail de facilitation de l'aide militaire à l'Ukraine via Jasionka" seront transférés à la Pologne et à l'Otan.
Les livraisons d'aide américaine se poursuivent pour l'instant, mais dans le cadre de l'aide approuvée par l'administration précédente (la réserve s'élève à environ 4 milliards de dollars). Washington n'a pas annoncé de nouvelles aides. Dans ce contexte, Zelensky a déclaré que Kiev est prêt à soumettre aux États-Unis une demande pour certains types d'armes, et a souligné que l'Ukraine était prête à payer pour ce paquet. "Accordez-nous de l'aide, nous paierons, nous considérons précisément cette aide qui comprend à la fois la défense antiaérienne et d'autres outils appropriés dont nous avons grand besoin, nous compterons dessus comme garantie de sécurité. Nous étions prêts à trouver 30 ou 50 milliards pour l'aide correspondante", a-t-il déclaré aux journalistes le 9 avril.
Après le changement d'administration américaine, les pays européens ont assumé un rôle de premier plan en matière de garanties de sécurité pour l'Ukraine. Le 10 avril, au siège de l'Otan à Bruxelles s'est tenue la quatrième réunion de la "coalition des volontaires" visant à apporter un soutien à l'Ukraine en cas d'établissement d'un cessez-le-feu. Plus de 30 pays, principalement européens, se sont joints à cette initiative.
Auparavant, les réunions de la "coalition des volontaires" se tenaient principalement à Paris et à Londres. Downing Street souligne qu'il s'agit de la "première réunion" au niveau des ministres de la Défense (jusqu'alors, les consultations étaient menées au niveau des chefs d'état-major). Le Financial Times attire l'attention sur le fait que la réunion au siège de l'Otan s'est déroulée sans représentants américains, à un moment où l'Europe s'inquiète de la perspective de se retrouver sans le soutien de Washington. La "coalition des volontaires" se prépare à élaborer un plan d'action approximatif d'ici fin avril.
Lors de la précédente réunion de la coalition, qui s'est tenue à Paris le 27 mars, Macron avait promis que des propositions sur le suivi du respect du régime de cessez-le-feu en Ukraine seraient préparées dans un délai de trois semaines. Il ne s'agit pas d'une "mission de maintien de la paix", précisait-il, et le contingent ne sera pas positionné sur la ligne de contact. "Ils fourniront un soutien à long terme et serviront de facteur de dissuasion contre une potentielle agression russe", a noté le président. Zelensky avait alors souligné qu'il y avait encore peu de détails concrets. Le week-end dernier, des militaires britanniques et français de haut rang se sont rendus à Kiev pour discuter des détails du plan.
Les participants à la réunion de la coalition du 10 avril ont noté que les détails du plan restaient à élaborer. Tous les pays de la coalition ne sont pas prêts à prendre pleinement part à cette mission, certains n'ont promis qu'un soutien technique. En particulier, la Pologne et la Grèce refusent d'envoyer leurs militaires en Ukraine, invoquant les menaces auxquelles elles sont confrontées émanant de la Biélorussie et de la Turquie respectivement.
Selon Bloomberg, 15 pays, dont le Canada et l'Australie, ont confirmé leur volonté de mettre à disposition des troupes pour participer à l'opération en question (selon l'AFP, ce nombre est encore plus bas, il s'agit du Royaume-Uni, de la France et des États baltes). Il est prévu que le contingent militaire ne soit déployé qu'après l'entrée en vigueur d'un accord de paix. Dans ce contexte, l'armée ukrainienne entièrement équipée constituera la principale force de dissuasion. Les troupes européennes assureront la sécurité des infrastructures nationales critiques, des grands ports et des villes situées loin de la ligne de front.
Bien que Trump ait soutenu publiquement cette initiative des pays européens à plusieurs reprises, il refuse de donner quelque garantie que ce soit. Bloomberg, citant des sources, rapporte que la "coalition des volontaires" risque de ne pas atteindre les objectifs souhaités en raison de l'absence de garanties de sécurité de la part de la Maison Blanche.
Alexandre Lemoine
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