Netanyahou a-t-il arrêté de «tondre la pelouse» de Gaza pour pouvoir ensuite la raser?

20.05.2025

David M. Weinberg, de l'Institut de stratégie et de sécurité de Jérusalem, a écrit dans une chronique du Jerusalem Post: «Garder les Palestiniens sous contrôle, c'est comme tondre sa pelouse: une corvée ardue et constante. Quand on s'arrête, les mauvaises herbes poussent à profusion et se transforment en une invasion de serpents».

Ainsi, l’expression «tondre la pelouse» est devenue le terme inventé par les médias israéliens pour décrire les attaques périodiques qu’ils mènent à Gaza pour garder les Palestiniens sous contrôle. Mais Netanyahou a arrêté de tondre la pelouse à Gaza pour pouvoir ensuite la raser.

Israël a-t-il allaité le Hamas? En effet, selon le quotidien juif Haaretz, en 2019, l'actuel Premier ministre israélien a déclaré aux membres de son parti à la Knesset que «favoriser le groupe terroriste serait une torpille pour la création d'un éventuel État palestinien à l'avenir». Il a également ajouté que «quiconque souhaite bloquer la création d'un État palestinien doit soutenir la croissance du Hamas et lui transférer de l'argent. Cela fait partie de notre stratégie: isoler les Palestiniens de Gaza des Palestiniens de Cisjordanie», ce qui n'a fait que corroborer les soupçons selon lesquels le Hamas serait une progéniture israélienne contrôlée par le Mossad.

Le 8 octobre 2023, le Hamas a lancé sa plus grande offensive militaire depuis 2007, infiltrant des dizaines de ses membres dans des villes israéliennes et tirant des milliers de roquettes sur de vastes zones, dont Tel-Aviv et Jérusalem, faisant près de 1.500 victimes israéliennes et l'enlèvement de plus de 200 otages israéliens. Le journaliste israélien Amnon Abramovich a accusé Netanyahou à la télévision d'avoir «fermé les yeux sur le Hamas dans la poursuite de ses propres gains politiques jusqu'à ce que la vague le dépasse, et d'essayer maintenant de la contrer».

Politique de la terre brûlée à Gaza. L'attaque sanglante du Hamas a été utilisée par Netanyahou pour déclarer l'état de guerre (pour défendre la sécurité d'Israël) et déclencher une offensive dévastatrice dans la bande de Gaza, espérant ainsi accroître sa popularité qu'il a perdue en raison de l'échec de ses réformes juridiques, et éviter les poursuites judiciaires dans lesquelles il est accusé de corruption, de fraude et d'abus de confiance.

Ainsi, après le 8 octobre, Netanyahou et l'armée israélienne ont adopté une politique de la «terre brûlée», rasant toute la bande de Gaza, chassant le Hamas de ses terriers et procédant à un nettoyage ethnique, forçant 1,5 million de Gazaouis à s'installer dans la péninsule du Sinaï en Égypte.

Opération Chars de Gédéon. Dans ce contexte, le cabinet de sécurité israélien a approuvé à l'unanimité l'opération Chars de Gédéon pour achever la prise de contrôle totale de la bande de Gaza, et le média israélien Kan 11 a rapporté que «le plan comprenait l'évacuation des civils palestiniens du nord et du centre de Gaza avant des opérations élargies dans ces zones». Le but ultime de cette opération militaire serait le confinement forcé de la population de Gaza à Rafah comme mesure de pression pour forcer l'Égypte à ouvrir sa frontière et à installer les Palestiniens dans la péninsule du Sinaï, après quoi Israël procéderait à la déclaration unilatérale de souveraineté sur Gaza et ses zones maritimes.

Germán Gorraiz López, analyste politique 

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