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Le boom du schiste aux États-Unis touche à sa fin

29.05.2025 

Les compagnies de schiste américaines arrêtent les plateformes de forage et réduisent la production, car les prix mondiaux du pétrole rendent l'extraction non rentable. Le boom du schiste aux États-Unis se termine. De plus, les experts sont convaincus que les États-Unis ne peuvent plus attendre une croissance de la production comme celle d'il y a encore dix ans. 

Le boom du schiste aux États-Unis touche à sa fin. Les compagnies pétrolières et gazières arrêtent les plateformes de forage et réduisent les dépenses malgré les promesses de Donald Trump d'accélérer la production. Les prix du pétrole rongent les profits, écrit le Financial Times. 

Les évaluations de la rentabilité des producteurs de schiste diffèrent. Le sondage trimestriel de la Banque de réserve fédérale de Dallas note que les compagnies de schiste américaines ont besoin d'un prix d'au moins 65 dollars le baril pour ne pas travailler à perte, alors que les prix du pétrole américain WTI sont tombés en dessous de 62 dollars le baril. 

Selon Rysrad Energy, le seuil de rentabilité pour l'extraction sur les sites de schiste américains encore non exploités est de 45 dollars le baril. À titre de comparaison, l'indicateur pour les gisements faciles à exploiter dans les pays du Moyen-Orient est de 27 dollars le baril. 

Le coût de production aux États-Unis varie beaucoup pour les projets de schiste, parfois il est bas, parfois élevé. Mais il faut comprendre que les hydrocarbures de schiste sont initialement chers. Les Américains ont commencé à extraire le pétrole et le gaz de schiste non pas par goût du luxe. Dès les années 1970, il était devenu clair que les gisements classiques aux États-Unis s'épuisaient, et pour maintenir le volume d'extraction au niveau précédent, les autorités ont commencé à accorder des avantages fiscaux pour les nouveaux développements. Mais ce n'est que vers les années 2000 que toute cette stratégie a porté ses fruits et la révolution du schiste a eu lieu. 

Au début, il s'agissait précisément d'extraction de gaz, puis on a commencé à extraire en parallèle du condensat de gaz, qu'on appelle maintenant pétrole de schiste. 

Un autre facteur qui a poussé vers la révolution du schiste, ce sont les prix élevés du gaz. Si au début des années 2000 les prix du gaz aux États-Unis n'avaient pas été les plus élevés au monde, la révolution du schiste aurait pu ne pas avoir lieu, estiment les experts. 

La technologie d'extraction se perfectionne, cependant l'extraction du pétrole de schiste reste coûteuse. C'est précisément pourquoi quand le prix du pétrole est tombé en dessous de 70 dollars le baril, les statistiques ont immédiatement montré une diminution du nombre de plateformes de forage aux États-Unis. La production diminue par rapport aux chiffres records de 2022-2023. 

Ainsi, selon Statista, le nombre de plateformes de forage rotatives pour l'extraction de pétrole brut et de gaz naturel aux États-Unis en 2022 était de 723 unités, et de 687 en 2023. En février 2024, seulement 590 unités fonctionnaient encore. 

Et si on remonte dix ans en arrière, en 2012 les États-Unis comptaient près de 2.000 plateformes de forage. C'est presque quatre fois plus qu'aujourd'hui. 

Les gisements les plus rentables avec des coûts moindres et une plus grande rentabilité s'épuisent, car ils ont été forés en premier, surtout pendant les périodes de crise de chute des prix en 2015 et 2020. Il reste aux États-Unis des sites avec des puits plus complexes du point de vue géologique et économique, dont l'exploitation coûte plus cher. 

Il dépend de la conjoncture mondiale de savoir si l'extraction d'hydrocarbures de schiste continuera de baisser. Si les prix du pétrole montent à 80-85 dollars le baril, la production américaine augmentera, mais si les prix baissent ou restent bas, la production diminuera aussi. 

La quantité de la production aux États-Unis n'est déterminée que par des facteurs économiques, contrairement au coût du pétrole sur le marché mondial, notamment la politique américaine. Si les États-Unis imposent des sanctions plus strictes contre l'Iran ou la Russie et réduisent ainsi les exportations de pétrole, les prix monteront. Alors les projets américains deviendront plus rentables, on recommencera à forer et extraire plus de pétrole aux États-Unis. 

L'importance du boom du schiste est difficile à surestimer pour les États-Unis. Premièrement, grâce à la croissance de l'extraction de gaz de schiste, les prix sur le marché intérieur sont devenus parmi les plus bas au monde. Récemment, 1.000 mètres cubes de gaz aux États-Unis coûtaient 100 dollars, contre 150 dollars maintenant. Il n'est pas surprenant que les États-Unis attirent facilement chez eux des usines de l'UE, où les prix du gaz sont plusieurs fois plus élevés. 

La révolution du schiste a beaucoup aidé l'économie américaine, stimulant la croissance du PIB, le marché du travail et la balance commerciale grâce à la hausse des exportations. De plus, le pétrole national a libéré les États-Unis de sa dépendance des fournisseurs étrangers, comme l'Arabie saoudite. 

Les conséquences politiques de la révolution du schiste ont permis aux États-Unis d'être beaucoup plus indépendants du Moyen-Orient et d'y mener une politique économique plus libre. 

Avant la révolution du schiste, les États-Unis dépendaient du pétrole moyen-oriental d'Arabie saoudite, des Émirats arabes unis, d'Irak et d'autres pays. Auparavant, l'Arabie saoudite pouvait toujours compter sur la protection américaine, non seulement politique, mais aussi économique. L'Arabie saoudite était pour les États-Unis l'un des principaux fournisseurs de pétrole, c'est pourquoi les États-Unis étaient intéressés par la stabilité au Moyen-Orient: les conflits pouvaient conduire à l'interruption des livraisons de pétrole moyen-oriental aux États-Unis. Maintenant, le pétrole de l'Arabie saoudite va essentiellement en Chine, vers le principal concurrent géopolitique des États-Unis. Et de garant de la sécurité pour l'Arabie saoudite, les États-Unis deviennent une menace.

Alexandre Lemoine

Les opinions exprimées par les analystes ne peuvent être considérées comme émanant des éditeurs du portail. Elles n'engagent que la responsabilité des auteurs

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