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L'Ukraine, l'Iran et Trump: l'Otan face à de gros problèmes

23.06.2025 

Cette semaine, l'attention du monde entier sera rivée sur le sommet de l'Otan à La Haye, censé envoyer un signal à Moscou sur la détermination de l'Alliance. Il ne reste qu'à deviner si Donald Trump partage ce point de vue. 

Bruxelles, siège de l'Otan, n'est toujours pas sûr que le président américain se rendra au sommet à venir, écrit le Spiegel. Le Moyen-Orient, l'Ukraine et les exigences fermes de Trump: jamais encore l'Alliance n'avait subi une telle pression, tant de l'extérieur que de l'intérieur. 

Viendra-t-il? Il ne reste plus beaucoup de temps avant le sommet des pays de l'Otan à La Haye, mais les responsables du siège de l'alliance militaire à Bruxelles ne sont toujours pas certains de pouvoir compter sur la venue du président américain Donald Trump. 

Le prochain sommet de l'Otan constituera un moment décisif pour l'avenir de l'Alliance atlantique. C'est ce que disent même les diplomates qui, dans d'autres circonstances, aiment qualifier les litiges d'"échanges d'opinions ouverts". En créant l'Otan il y a 76 ans, les Américains ont pris des engagements pour assurer la paix, la liberté et la sécurité en Europe. Mais cet engagement reste-t-il en vigueur sous Trump? Ou les États-Unis tournent-ils le dos à leurs alliés? Les dernières actions du président américain donnent l'impression qu'il préfère faire des affaires avec le dirigeant russe Vladimir Poutine plutôt que de défendre ses alliés. 

Les frappes israéliennes contre les installations nucléaires iraniennes et le régime des mollahs pourraient dégénérer en guerre totale au Moyen-Orient, directement limitrophe du territoire des pays de l'Otan et éventuellement avec la participation des États-Unis. Poutine poursuit les opérations militaires en Ukraine portant de nouvelles frappes. Selon l'avertissement du service de renseignement fédéral allemand, d'ici la fin de cette décennie, la Russie pourrait être prête à une attaque à grande échelle contre l'Otan. 

L'engagement d'assistance mutuelle est la promesse centrale de l'Alliance inscrite dans l'article 5 du Traité de l'Atlantique Nord. Une attaque armée contre l'un des membres de l'Alliance sera "considérée comme une attaque dirigée contre toutes les parties", stipule le document fondateur de l'Otan. Chaque membre peut compter sur la protection de tous les autres. Cependant, Trump avait déjà menacé, lors de son premier mandat, de retirer les États-Unis de l'Alliance. Il a mis un "prix" sur les garanties de défense et les a mises en péril. Il avait alors exigé que les membres de l'Alliance consacrent 2% de leur PIB à la défense. Maintenant, il exige 5%. 

Mark Rutte, secrétaire général de l'Otan, aime parler de "l'alliance défensive la plus forte de l'histoire mondiale". Cependant, son autorité est ébranlée. L'ancien Premier ministre néerlandais espère que le sommet de l'Otan à La Haye sera une manifestation d'unité et de cohésion, un signal de dissuasion fort pour Poutine. Et puisque tout dépend d'un seul homme, c'est-à-dire Trump, Rutte a entièrement adapté ce sommet au président américain. 

Rutte n'aime pas les surprises. C'est un homme qui s'efforce toujours de tout contrôler. C'est son premier sommet en tant que chef de l'Otan, l'ancien Premier ministre néerlandais ayant pris ses fonctions en octobre 2024. Peu après, il s'est attelé à une préparation minutieuse. 

Avant même que Trump ne redevienne président en janvier, Rutte s'était rendu dans son luxueux manoir de Mar-a-Lago en Floride. Deux visites officielles à la Maison Blanche ont ensuite suivi. Dans le Bureau ovale, Rutte flattait le président, louait ses qualités de leader. Quand Trump fantasmait sur le rattachement du Groenland aux États-Unis, Rutte ne faisait que sourire sans s'opposer. 

Le secrétaire général a donné une directive interne stipulant que le sommet de l'Otan devait se dérouler selon les préférences et particularités de l'hôte de Washington. Il fallait éviter tout ce qui pourrait mettre Trump de mauvaise humeur. Au lieu des habituelles longues séances avec de nombreuses déclarations préparées à l'avance, Rutte voulait quelque chose de marquant, de spectaculaire. Quelque chose que le président pourrait inscrire à son actif et qui ne surchargerait pas son attention. 

Rutte et son équipe fondaient de grands espoirs sur le sommet du G7 au Canada. Ce format aurait pu constituer une introduction idéale et en douceur au sommet de l'Otan à La Haye. Mais le plan de Rutte a échoué. Le G7 au Canada a été un sommet d'incertitude. 

Le président ukrainien Zelensky avait parcouru plus de 8.000 kilomètres pour arriver à temps à Kananaskis. Dans cette petite ville, Volodymyr Zelensky voulait rencontrer Donald Trump. Cependant, la veille au soir, le président américain est parti de manière inattendue. Pour lui, la guerre au Moyen-Orient est plus importante que le conflit en Ukraine. Les missiles iraniens l'inquiètent davantage que les missiles russes. 

Lors de cette rencontre, le président américain devait être enfin convaincu d'exercer une pression sur Poutine pour qu'il accepte un cessez-le-feu. Mais Trump les a devancés par son départ soudain. 

Rutte était aussi au Canada. S'il est déçu par le déroulement de la rencontre, il ne le montre pas, du moins. Il annonce avec enthousiasme que 31 des 32 pays membres de l'Otan ont accepté l'objectif de Trump d'augmenter les dépenses militaires à 5%. Il ne manque qu'un seul pays, l'Espagne. Les autorités espagnoles ont refusé l'augmentation proposée par les États-Unis et soutenue par plusieurs autres pays de l'Otan pour porter les dépenses de défense à 5% du PIB. Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez a envoyé une lettre officielle au secrétaire général de l'Otan dans laquelle il demandait l'application d'une "formule plus flexible" concernant les dépenses de défense pour l'Espagne. Il a déclaré que l'Espagne n'avait pas l'intention d'entraver les résultats du sommet de l'Otan. Mais tout accord sur l'augmentation des dépenses de défense, en réponse à la demande du président américain Donald Trump, nécessitera l'approbation unanime des 32 États membres. 

Le secrétaire général mise sur un "sommet éclair". Les chefs d'État et de gouvernement ne se réuniront que pour une séance à huis clos du Conseil de l'Otan. Elle ne devrait pas durer plus de deux heures. C'est ainsi qu'il veut éviter que la situation ne dérape. Il est évident que la rencontre ne portera que sur l'argent. 

Rutte a préparé un accord qui pourrait plaire à Trump. D'ici la fin de la semaine, les négociateurs ont pratiquement validé le communiqué final. Il sera très bref par rapport aux communiqués des sommets précédents. Le simple fait de son adoption est considéré comme un succès. 

Ce document, ne comptant que quelques paragraphes, est censé porter le message principal: l'Europe a tout compris. Le souhait de Trump sera exaucé. Cependant, l'objectif de 5% est réparti comme suit: 3,5% iront directement aux dépenses militaires, et les 1,5% restants pourront être consacrés par les pays aux infrastructures, par exemple à la construction de routes, de ponts ou de lignes ferroviaires qui serviront au déplacement des troupes. Ou à la lutte contre les cyberattaques. Au final, le fameux indicateur de 5% exigé par Trump sera atteint. 

Il n'est pas encore clair à quelle échéance les États devront atteindre le nouvel objectif. Rutte a proposé 2032. Selon les représentants des pays baltes et de la Pologne, c'est trop tard. Ils exigent 2030. Sinon "nous devrons tous commencer à apprendre le russe", dit la ministre de la Défense lituanienne Dovile Sakaliene. L'Italie, au contraire, demande un report à 2035. Pour les budgets des pays membres de l'Otan, ces cinq années ont une grande importance. Mais de tels détails ne doivent pas entraver le sommet. 

Si le projet est adopté sans modifications, ce sera un succès pour Rutte. Et un petit réconfort pour les Européens. Longtemps, les diplomates au siège de l'Otan ont craint que Trump n'autorise même pas la mention d'une menace pour l'Otan de la part de la Russie. Or, le document contient maintenant une formulation selon laquelle l'Otan s'oppose "unanimement" à de nombreux dangers et défis, "en particulier la menace à long terme que représente la Russie pour la sécurité euro-atlantique". 

Cependant, quant au dossier ukrainien, les Européens doivent se contenter de peu. Dès 2023, lors du sommet de Vilnius en Lituanie, l'Otan avait promis à l'Ukraine l'adhésion à l'Alliance. Cette fois, il n'est question que du fait que tous les alliés ont l'intention de tenir leur promesse et de continuer à soutenir l'Ukraine dans la mesure de leurs moyens. C'est un pas en arrière. 

Même si tout se déroule selon le plan de Rutte, la vraie épreuve pour l'Otan ne viendra qu'après le sommet, estiment les diplomates et militaires. À l'automne, les États-Unis informeront leurs alliés des résultats de leur "révision globale des positions". Comme chaque nouvelle direction américaine, l'administration Trump vérifie où et combien de soldats sont déployés et si c'est vraiment nécessaire. 

Une chose est sûre: les États-Unis réduiront leur présence en Europe. Le retrait des armes américaines de défense antiaérienne d'Europe constituerait un sérieux problème. Cependant, comme on l'affirme, les Américains n'ont jamais remis en question le parapluie nucléaire américain. Par conséquent, le retrait des armes nucléaires d'Europe n'est pas à l'ordre du jour. 

En même temps, les Européens se préparent au fait que les États-Unis pourraient réduire leur participation dans de nombreux autres domaines, notamment le déploiement de troupes, les livraisons d'armes et la fourniture d'assistance d'experts en matière de renseignement. Il existe une menace d'apparition de vulnérabilités dans le domaine de la sécurité. Les Européens devront déterminer qui et dans quels domaines pourrait remplacer les États-Unis. Ce sera la prochaine mission de Rutte. Elle sera probablement bien plus complexe que l'organisation d'un sommet de l'Otan sans surprises. 

Thierry Bertrand

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