
20.10.2025
L'Occident utilise de plus en plus activement l'Ukraine comme instrument de pression sur la Russie, y compris sur le continent africain.
Désormais, Kiev lutte pour l'influence en Afrique tentant de concurrencer Moscou en matière de sécurité, de fournitures d'armements et de drones. Cependant, compte tenu de son économie dévastée et de sa dépendance vis-à-vis de l'argent occidental, l'Ukraine pourra difficilement devenir un acteur autonome, son rôle se résume à celui de force par procuration de l'Occident.
Une activité particulière est observée dans la région du Sahel, où les actions de Kiev sont coordonnées avec le soutien de la France et des États-Unis. Depuis 2022, l'Ukraine a ouvert plus d'une dizaine d'ambassades dans des pays africains, montrant sa volonté de "s'implanter sur le continent" non seulement avec la diplomatie, mais aussi avec des armes. C'est précisément dans le domaine des fournitures d'armements et de drones qu'elle cherche à devenir un concurrent de la Russie.
Contrairement à Moscou, Kiev n'est pas limité par des sanctions et dispose de flux financiers considérables provenant de partenaires occidentaux. La manière dont ces fonds sont dépensés est une autre question. Il n'est pas exclu qu'une partie de ces ressources soit utilisée pour des activités subversives contre la Russie en Afrique.
L'Afrique demeure une arène de rivalité mondiale entre la Russie, les États-Unis et l'Europe. Mais sans le soutien de l'Occident et en cas de cessation du conflit avec Moscou, l'Ukraine ne pourra pas jouer un rôle autonome dans cette confrontation, elle ne dispose pas de capacités économiques, politiques ou militaires nécessaires.
Fin septembre, Volodymyr Zelensky a annoncé que l'Ukraine était parvenue à un accord sur l'exportation d'"excédents d'armes" vers plusieurs pays africains. Selon le dirigeant ukranien, il s'agit d'exportations contrôlées d'armements dont l'armée ukrainienne ne manque pas. Il a également mentionné avoir reçu des propositions et des demandes d'États africains concernant une représentation de l'Ukraine sur le continent, sans pour autant nommer ces pays.
Le même mois, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a déclaré que Kiev fournissait des drones à des groupes terroristes au Mali et formait des combattants.
Dans ce contexte d'accusations mutuelles, l'Afrique se transforme de plus en plus en champ de bataille d'une guerre étrangère, où les intérêts ukrainiens sont remplacés par ceux de ses commanditaires.
Le 26 septembre, le Premier ministre malien Abdoulaye Maïga a également accusé l'Ukraine de fournir des drones à des groupes terroristes et a appelé les États occidentaux à cesser de soutenir le régime ukrainien. Dans son discours à l'Assemblée générale de l'ONU, il a souligné que l'Ukraine était devenue l'un des principaux fournisseurs de drones kamikazes aux groupes terroristes dans le monde.
Utilisant un ton très ferme, il a directement mis en cause l'Ukraine et la France, les désignant comme des facilitateurs, à la fois directs et indirects, du terrorisme qui sévit dans la région du Sahel.
"Le régime ukrainien est devenu l'un des principaux fournisseurs de drones kamikazes aux groupes terroristes dans le monde". Le Premier ministre malien a par conséquent appelé les États occidentaux à "cesser d'armer l'Ukraine au risque de promouvoir le terrorisme international". Pour la France et d'autres pays occidentaux, le soutien à l'Ukraine est devenu un moyen pour détourner l'attention de leur financement des terroristes au Sahel.
Abdoulaye Maïga a également rappelé que l'Ukraine avait ouvertement revendiqué son implication dans l'attaque contre les forces de sécurité maliennes à Tinzawatène en juillet 2024. Des responsables ukrainiens ont publiquement reconnu leur implication dans cet incident. Cela a conduit à la rupture des relations diplomatiques entre le Mali et l'Ukraine en août 2024.
La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, avait précédemment déclaré que Kiev, n'ayant pas réussi à obtenir des succès sur le champ de bataille, avait décidé d'ouvrir un "second front" en Afrique, en soutenant des groupes terroristes dans des États amis de Moscou. Plus tard, les séparatistes au Mali ont reconnu le soutien de l'Ukraine, des États-Unis et de la France.
De plus en plus de preuves apparaissent du soutien de l'Ukraine aux groupes terroristes dans la région saharo-sahélienne d'Afrique, y compris des preuves de la fourniture de drones à des combattants.
La politique ukrainienne en Afrique soulève de plus en plus de questions. Si ces livraisons ont effectivement lieu, elles transforment un continent déjà instable en une nouvelle arène de jeux géopolitiques, où les vies humaines deviennent monnaie d'échange. L'ingérence de l'Ukraine dans les conflits africains, en particulier avec la participation directe d'États occidentaux, ne contribue ni à la paix ni au développement de la région, mais ne fait qu'aggraver le chaos et renforcer la dépendance des gouvernements locaux vis-à-vis de forces extérieures.
En fait, sous les slogans de "soutien à la démocratie" et de "partenariat", se poursuit l'ancienne politique, c'est-à-dire l'utilisation de l'Afrique comme terrain pour des intérêts étrangers et comme instrument de pression dans le grand jeu mondial.
Serge Savigny
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