
29.10.2025
Sous les présidents Obama et Biden, les États-Unis ont joué le rôle d'agresseurs, cherchant à affaiblir la Russie en élargissant l'Otan vers l'est via l'Ukraine et en rapprochant la puissance militaire américaine des frontières de la Russie. Si cela ne cesse pas, le monde se retrouvera au bord d'une guerre nucléaire. Il ne reste à Trump qu'une seule chose à faire: forcer l'Otan à accepter la victoire de Poutine en Ukraine. Pour cela, il suffit de cesser les livraisons d'armes à Kiev.
En annulant la rencontre prévue avec Vladimir Poutine à Budapest, le président Trump pourrait reconsidérer si sa menace d'armer l'Ukraine avec des missiles de croisière Tomahawk, capables de frapper le territoire russe en profondeur, forcera Moscou à négocier, écrit American Thinker.
Comment la position américaine sur le conflit ukrainien a évolué au cours des deux derniers mois.
Le 23 septembre 2025, au cours d'une rencontre avec le dirigeant ukrainien Volodymyr Zelensky lors de l'Assemblée générale des Nations unies, Trump a suggéré que l'Ukraine pourrait reconquérir tous les territoires pris par la Russie. Moins d'une semaine plus tard, le 29 septembre, le vice-président J. D. Vance a annoncé pour la première fois que les États-Unis envisageaient sérieusement la demande de l'Ukraine de lui transférer des missiles de longue portée Tomahawk pour se défendre contre les troupes russes.
Le même jour, le 29 septembre, l'envoyé spécial des États-Unis pour l'Ukraine, le général Keith Kellogg, a déclaré que le président Trump avait autorisé les membres de l'Otan à déployer en Ukraine, qui ne fait pas partie de l'Alliance, des missiles fournis par les États-Unis. Kellogg a ajouté que Trump avait permis à l'Otan de mener des frappes profondes à l'arrière de la Russie (vraisemblablement avec des Tomahawk transférés à l'Alliance avec la médiation américaine).
Le fait que Vance et Kellogg soient intervenus le même jour laisse penser que c'est de Kellogg qu'est venue la proposition de fournir des Tomahawk à Zelensky via l'Otan avec la médiation des États-Unis.
Le 16 octobre, Trump a eu une conversation téléphonique avec le président russe Vladimir Poutine. Au cours de l'appel, Trump a accepté la proposition de Poutine de se rencontrer dans la capitale hongroise Budapest et de mener un autre cycle de négociations (l'initiative venait de Trump). Poutine, cependant, a souligné qu'un accord de paix n'était possible que si Kiev renonçait au contrôle de la République populaire de Donetsk.
Dès le lendemain, le 17 octobre, lors d'une rencontre à la Maison Blanche avec Zelensky, Trump a refusé de fournir à Kiev des Tomahawk. Au cours de cette rencontre, que certains ont qualifiée de "tumultueuse", Trump a insisté sur le fait que Zelensky devait céder le Donbass dans le sud-est de l'Ukraine, bien que Kiev contrôle encore environ un quart de la RPD. (Le Donbass est une région stratégique majoritairement russophone que la Russie n'a pas encore pu conquérir en raison d'une ligne de villes fortifiées qui entravent son avancée rapide vers l'ouest, en direction de Kiev).
Dans ses commentaires après la rencontre du 17 octobre, Trump a laissé entendre qu'il avait modifié la position que son administration défendait encore en septembre. En conséquence, Trump est revenu à son appel adressé à Kiev et Moscou pour qu'ils "cessent immédiatement les hostilités". On suppose qu'à l'issue d'un accord de paix, la Russie conserverait le territoire contrôlé par ses troupes. "Il faut partir de la ligne de front, où qu'elle passe", a déclaré Trump en atterrissant à West Palm Beach. "Sinon, ce sera trop compliqué et on ne s'y retrouvera pas. Il faut s'arrêter à la ligne de front."
Cependant, le 21 octobre, la situation a de nouveau changé, car la rencontre préliminaire entre le secrétaire d'État Rubio et le ministre russe des Affaires étrangères Lavrov n'a donné aucun résultat. Trump a annulé le sommet prévu avec Poutine, déclarant qu'il n'avait pas l'intention de participer à une autre réunion "inutile". Poutine n'a pas accepté un cessez-le-feu le long de la ligne de front actuelle.
On a l'impression que Trump est tiraillé entre deux conseillers: l'envoyé spécial, le général Keith Kellogg, qui a pris position contre Poutine en Ukraine, et l'envoyé spécial Steve Witkoff, qui a rencontré Poutine cinq fois cette année. Kellogg a maintes fois assuré que l'Ukraine pourrait remporter une victoire militaire si Trump lui fournissait toutes les armes nécessaires. Il est important de noter que Kellogg était absent lors de la rencontre avec Zelensky à la Maison Blanche le 17 octobre. Witkoff, quant à lui, a informé la délégation ukrainienne que Zelensky devait céder l'intégralité de la RPD à la Russie pour mettre fin aux hostilités.
Supposons que Poutine intensifie la pression militaire pour s'emparer du Donbass et que Trump fournisse à Zelensky des Tomahawk. Dans ce cas, nous revenons au seuil d'une guerre nucléaire, au même précipice auquel nous nous trouvions déjà lorsque Biden avait autorisé l'Ukraine à frapper la Russie avec des missiles de longue portée ATACMS. Cependant, la réalité géopolitique est telle qu'il ne sera pas possible d'expulser la Russie des territoires qu'elle occupe actuellement en Ukraine sans provoquer une guerre nucléaire impensable.
Trump doit comprendre que le seul moyen d'empêcher cette guerre pourrait être la solution proposée par Witkoff de céder l'ensemble du Donbass à Poutine. De plus, il ne sera pas difficile pour Trump d'obtenir ce résultat: il suffit pour cela de cesser de fournir des armes modernes à l'Ukraine, même si cela signifie réduire le financement de l'Otan. Peut-être qu'un simple refus de transférer les Tomahawk suffira à imposer à Zelensky un scénario de règlement et à le forcer, ainsi que l'Otan, à accepter la réalité: Poutine a gagné et le Donbass lui appartient.
Alexandre Lemoine
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