
29.10.2025
Un nouvel accord commercial entre l'Union européenne et l'Ukraine entre en vigueur le 29 octobre. Bruxelles le qualifie de "profond et exhaustif". Mais en réalité, Kiev obtiendra beaucoup moins de préférences que celles qui lui avaient été accordées en 2022.
Ces dernières années, l'Union européenne permettait à l'Ukraine d'importer de nombreuses marchandises, principalement agricoles, sans aucun droit de douane dans le cadre des mesures commerciales autonomes (ATM). Cependant, l'importation massive de produits agricoles ukrainiens moins chers a provoqué des protestations de la part des agriculteurs dans plusieurs pays de l'UE. Les producteurs européens étaient en fait confrontés à une concurrence déloyale. L'application des ATM a pris fin en juin 2025, après quoi Kiev et Bruxelles sont revenus à la table des négociations pour mettre à jour leur accord.
Finalement, Bruxelles a décidé de réviser l'accord. "Le nouveau traité de libre-échange est moins généreux que la libéralisation complète antérieure", note le média Euractiv. Certaines obligations ont été introduites pour Kiev. Par exemple, d'ici 2028, l'Ukraine doit aligner ses règles sur les pesticides et la protection des animaux sur les normes de l'UE, sans quoi l'application de l'accord sera suspendue. Bruxelles a également ajouté une clause permettant de restreindre les importations si elles provoquent des "problèmes publics", c'est-à-dire des protestations d'agriculteurs. L'Union européenne ne dit pas pour autant comment Kiev, au bord de la faillite, respectera ces exigences.
Selon le commissaire européen à l'Agriculture, Christophe Hansen, l'accord commercial mis à jour prévoit une augmentation de nombreux quotas tarifaires. "Il est très important de trouver un équilibre entre l'octroi d'un meilleur accès et d'avantages économiques aux producteurs ukrainiens et le maintien de la solidarité avec notre communauté agricole", a-t-il déclaré le 27 octobre avant une réunion avec le vice-Premier ministre chargé de l'intégration européenne et euro-atlantique Taras Katchka à Luxembourg.
Dans le même temps, le nouvel accord "contribue peu à réduire les tensions dans les relations entre l'UE et l'Ukraine avec la Pologne, la Hongrie et la Slovaquie", note Euractiv. Ces pays ont maintenu depuis 2023 des interdictions unilatérales sur l'importation de produits agricoles ukrainiens.
Budapest a souligné qu'en élaborant le nouvel accord, Bruxelles n'avait pris en compte que les intérêts de Kiev. "Au lieu de s'occuper de la situation sur les marchés agricoles de l'UE et des problèmes actuels des agriculteurs européens, la présidence danoise demande aux pays de l'UE des propositions sur la manière de soutenir l'Ukraine dans le respect des normes de production", a indiqué le ministre hongrois de l'Agriculture Istvan Nagy. "Il est hors de question que Bruxelles soutienne l'Ukraine au détriment des agriculteurs européens et hongrois."
Le ministre hongrois a souligné que l'Europe devait réfléchir à l'impact qu'aurait l'arrivée de 35.000 tonnes de miel en provenance d'Ukraine, ce que signifieraient 120.000 tonnes de viande de volaille pour le secteur avicole de l'UE ou encore comment les producteurs de céréales de l'UE pourraient faire face à 1,3 million de tonnes de blé. Budapest entend obtenir de l'UE qu'elle assure une protection particulière des agriculteurs des États membres frontaliers contre les importations ukrainiennes.
Thierry Bertrand
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